L'acquisition de Mon bac –thème du casse-tête proposé par Sherry- est liée à une anecdote.
Dans mon pays, les résultats des examens officiels se lisaient à la radio en plus d’être affichés dans les centres d’examen. C’était le cas il y a quelques années, j’ignore si c’est toujours ainsi.
Les élèves ne savaient jamais à quelle date exacte, leurs résultats seraient lus, ils s’arrangeaient donc toujours pour avoir une radio à proximité d’eux.
Cette année-là, j’avais passé le bac en juin, donc dès la mi du mois de juillet, mes potes et moi avions pour super compagne, une radio.
Les résultats étaient énoncés par ordre alphabétique. Dans le centre où j’avais composé les épreuves du bac, il y avait également une de mes cousines. Donc l’ordre en ce qui nous concernait était :
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NY… (notre nom de famille) + mon prénom
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NY… + le prénom de ma cousine
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Puis la suite était faite des noms débutant par « O »
Un jour de fin juillet, j’étais avec des potes chez moi qui étaient aussi également des camarades de classe, quand soudain, sur la station sur laquelle les résultats devaient être énumérés, nous entendons le journaliste annoncer que les résultats du bac de notre centre d’examen vont être lus. J’étais sûre à 99% de l’avoir.
Le journaliste commença. Les noms de mes camardes précédaient le mien alphabétiquement parlant, le journaliste les a lus. Nous étions donc l’attente évidente de mes noms et prénoms. Le journaliste entame les « N », puis il lit : « NY + prénom de ma cousine » et il passe aux « O ».
Mes potes et moi avions la tête baissée durant l’énumération de ceux qui avaient réussi. Donc quand à ce moment-là nous avons tous réalisé que j’avais raté le bac, nous sommes restés immobiles. Eux ne sachant quoi dire, quoi faire et moi, voulant juste, crier, pleurer, mourir. Finalement ils sont partis, chacun essayant de m’envelopper d’une phrase encourageante.
Ma mère est revenue du travail. Nous ne sommes pas très tactiles dans ma famille et la tendresse se manifeste autrement que par les mots. Mais ce jour-là, pour la première fois de ma vie, elle m’a prise dans ses bras et m’a juste dit « je t’aime ma fille, je t’aime ». Et là j’ai pleuré, pleuré comme jamais.
Il était prévu que je vienne en France pour mes études universitaires. Tout était prêt, tout avait été prévu sauf mon échec.
Je suis quand même partie et j’ai été inscrite dans un lycée à Paris pour redoubler ma terminale.
Puis un jour d’Octobre, ma mère me téléphone, elle me dit que j’ai eu le Bac. Je n’y crois pas, je suis si heureuse. J’ai envie de crier, je ne comprends pas, elle m’explique.
Il y a des commissions officielles du ministère de l’éducation-j’ ignore l’intitulé exact de ce ministère- qui se réunissent et qui vérifient les résultats car il y a de nombreuses erreurs (des personnes à qui on annonce leur échec alors qu’elles ont réussi, des personnes dont les notes sont mal reportées sur les fiches récapitulatives au point qu’elles passent à côté d’une mention, des personnes dont les notes sont synonymes d’échec mais qui se voient octroyées le diplôme suite à des inattentions…) . La commission qui gérait mon centre d’examen, a constaté, après vérifications, que mes notes et celles de ma cousine avaient été inversées, le truc de dingue.
Finalement, étant donné que j’avais fait une préinscription en mars, dans une fac, j’ai pu débuter ma 1ère année, un mois après les débuts des cours à l’université. Ce ne fut pas un énorme retard.